Quand je n’écris pas, j’absorbe. Je m’imbibe. Je prends. Des émotions, des couleurs, des formes. Les mots des autres. Des idées. Des ambiances.
Quand je n’écris pas, je me laisse télescoper, traverser. Je ne crains plus les émotions. Je sais que je vais les transformer en matériau narratif.
Un jour, quelqu’un qui m’est très précieux m’a comparée à l’alchimiste qui transforme la matière en or.
Quand je n’écris pas, je digère. Je mâche. Je laisse décanter. Je fais résonner. J’écoute ce qui se met à me parler, à l’intérieur de moi.
Tout ce matériau fait son chemin. Un sillon se dessine. Parfois il disparait. Pour reparaître plus loin. Ou pas. Ou si.
Quelle émotion de découvrir, un jour, que j’ai écrit des mois, parfois des années plus tard, quelque chose que j’avais écrit il y a longtemps et oublié. Parfois je l’ai réécrit au mot près.
Les mots sont bien des vecteurs de ce qui nous anime. De tout ce qui nous habite et vit en nous. Aller les chercher en nous ; plonger et ressortir. Comme un pêcheur de perles qui plonge et remonte et plonge encore encore. Pour ramener à la surface.
Quand je n’écris pas j’écoute le silence. Il y a, dans ce travail qui précède l’écriture, des ralentis. Des pauses. Des espaces.
Se laisser reprendre son souffle. Pour mieux repartir et plus loin.
Écrire c’est aussi ne pas écrire.