A mesure que j’explore les arcanes du roman, les spécificités des différents types d’écriture m’apparaissent plus clairement. D’un côté, la narration journalistique s’appuie sur des faits, les plus précis possibles, pour bordurer le récit. De l’autre côté, l’écriture romanesque ouvre aux interprétations, suggère, fait percevoir, laisse le champ libre.
Le roman contient une part de mystère. Il doit faire de la place à celui ou celle qui lit. Quand je suis lectrice, j’aime qu’il y ait des espaces dans lesquels je peux me trouver et m’installer. M’approprier le texte, le faire mien, avec ma sensibilité, mes curiosités, mes plages de vibrations.
Si je défends le mystère romanesque, en revanche je traque sans pitié l’incohérence, parce qu’elle me gâche mon plaisir de lecture. Une incohérence, c’est un pull bleu en page 4 qui devient vert en page 6, sans raison. Le mystère, c’est un pull décrit rêche en page 4 et qui, par le mouvement de l’histoire, va paraître doux et moelleux en page 6.
Toute beauté vient du mouvement et la beauté du texte n’échappe pas à cette règle : elle est liée aux flux et reflux du récit, à ses rythmes, son ressac et sa déferlante.