Les mots portent en eux une musique de sonorités et de sens. J’écris à haute voix parce qu’écrire est une question de rythme. La musique des mots qui chante dans ma tête se pose sur la feuille. Comme certains écrivent des notes, d’autres tracent des mots et je fais partie de ceux-là.
Il y a le mot juste grammaticalement et le mot juste dans la globalité de ce qu’il porte : dans ses sonorités et dans la place qu’il prend au milieu des autres.
Le mot est rarement seul. Il voyage accompagné. Ses acolytes lui font de l’ombre ou le mettent en lumière. Ils vont par deux, par trois, à plusieurs, en reprenant leur souffle ou pas. Certains mots vont ensemble et d’autres non. Certaines phrases se relient les unes aux autres ; d’autres, au contraire, doivent se détacher, se distinguer, comme une voix a capella dans le silence d’une église.
Les ponctuations sont de précieuses aides à la musique des mots. La virgule fait respirer, le point- virgule prend son élan et repart de plus belle quand le point affirme en ponctuant. Le point d’exclamation met l’emphase, les trois petits points le suspense, les guillemets la citation, les parenthèses le superflu, les tirets la digression. La ponctuation traduit le tempo de la pensée, ses à-coups et ses déliés, ses emballements et ses incertitudes, ses suspensions, ses pauses, ses silences.
Il ne faut pas oublier les majuscules, les italiques, les gras. La police de caractère et la mise en page.
Plus j’écris plus j’aime lire à haute voix des beaux textes. Les mauvais ne résistent pas à cet examen de passage. Le texte tient à haute voix ou alors il ne tient pas. C’est un test incontestable. . Dans un texte qui se tient, chaque mot a sa place, singulière, non négociable non échangeable. C’est ce mot-là où rien, à cet endroit-là ou pas.
Essayez vous verrez…. Pour 2020, je vous souhaite de lire et d’écrire à haute voix